Le blog d'une "prof de gommettes"

Jeudi et vendredi ont été des journée très speed, principalement parce que je découvrais mon nouveau niveau : un Ce1 - Ce2. Retour sur quelques moments forts (ou non) de ces 48h. 

Jeudi, on retiendra : 

Les parents qui se massent dans la cour pour regarder la classe de leur enfant. Une maman qui n'a pas vu que j'étais derrière elle et qui dis à une autre "Génial, R****** est chez Mme ****** (moi). Elle est super gentille, sa soeur l'a eu l'année dernière, elle s'est sentie très bien dans sa classe. (MEGA OUF)

Mes anciens CM1 qui sont tous venus me dire bonjour en m'appelant encore "Maitresse". 

Ma grosse lutte pour ne pas fondre en larmes en les voyant (mes choupinous, mes tous premiers élèves, ceux qui auront une grosse place à part <3)

La présentation des maitresses devant l'immense foule des parents 

L'appel de ma classe avec le petit frère de G***** , 3 ans, qui est venu se ranger dans le rang parce qu'il ne voulait pas quitter sa soeur.

Ma pensée "Oh my god ils sont tous petits mes bouts de chou !!!"

Un dernier coucou aux parents et on monte. 

Une matinée où je rame un peu pour m'adapter au double niveau

Des élèves très gentils et un peu stressés

La maitresse, idem

On fait connaissance en douceur avec des petites activités 

On rassure les petites angoisses du début d'année 

Les pieds en compote à force d'aller et venir dans la classe 

Une adaptation  : entre moi qui suit restée avec l'idée des capacités de mes CM1 l'année dernière, les Ce2 qui découvrent l'agenda et les Ce1 qui ne savent pas tirer un trait ... mais on y va tranquillement, sans se stresser.

Le repérage des caractères et des capacités : G****** est un peu boudeuse, M****** est une élève incroyablement mature, T***** a du mal à écrire, L****** est dans la lune et R****** est bien dynamique

Une fin de journée sympathique mais où les yeux papillonne un peu, les bouches s'ouvrent en baillement et les paupières se font lourdes.

Vendredi on retiendra : 

Les premières angoisses des parents qui craignent le double niveau

L***** qui m'écrit "catr" (quatre), T****** qui a de gros problèmes en écriture et M***** qui a terminé en 2 minutes son travail

Les bavardages et un premier recadrage

Mes étiquettes à moitié dépouillées après 24h

La distribution des feuilles en Ce1 : un se retrouve avec 2 fois la même feuille, l'autre avec pas de feuilles du tout, une avec la fin du texte, l'autre avec la moitié ... le gros bazar mais qui fait sourire en y repensant

Des Ce1 très volontaires, des Ce2 très posés et efficaces

Les calins auxquels je n'ai pas du tout l'habitude 

Les "Maitresse t'es belle" toutes les 3 minutes 

Les "Oooooh maitresse t'es troooop belle avec tes cheveux comme ça" (j'avais passé la main dedans et les mèches s'étaient mises n'importe comment ... Bellatrix Lestrange, à votre service)

Mon intransigence lorsqu'il est question de dire merci aux élèves qui tiennent la porte.

E****** qui monte les escaliers, s'arrête à la porte de la classe, me regarde et commence à faire demi tour. Je le rappelle "Mais où vas-tu ?"   Réponse : "J'arrive, maitresse, j'ai oublié de dire merci à Y***** pour la porte du bas !!!" (à mourir de rire)

L****** qui est le nez en l'air de façon très concentrée. Je lui demande "Mais qu'est-ce que tu fais?" "Ze regarde la mousse (= la mouche) Maitresse" 

 Les sourires pleins de trous car la petite souris a eu du boulot cet été 

Des petits zozotements mignons

Je m'épate de la patience que je déploie (moi qui suis la number one de l'impulsivité)

Lorsque je félicite des élèves pour avoir monté les chaises de leurs camarades, Y**** qui me raconte que la semaine dernière , il a aidé son chien à retrouver sa balle dans le jardin

S'adapter à leur réflexe de me raconter leur vie dans les moindres détails à des moments les plus incongrus

Inverser les rôles : quand les élèves apprennent un jeu de calcul mental à la maitresse et qu'on le fait tous ensemble pour souder la classe.  

Voilà, j'ai fini ces deux jours littéralement sur les rotules. J'ai des tas de questions, des tas de doutes, des tas de réflexions, mais une grosse envie de m'y plonger à fond pour donner le meilleur à ces petits loulous qui vont tour à tour me rendre heureuse, dingue, hystérique, amusée, en colère, souriante.

Une année qui s'annonce sportive mais passionnante ! 

Ma première année de professeur stagiaire s'est déroulée dans une classe de CM1. Mais pas n'importe quelle classe de CM1 : THE classe of CM1 (oui mon english est very bon). Une classe de choupinous. Une classe de very méga ultra choupis. Mes petits loulous. Mes fayots number one. Mes adorables têtes de mules. Sérieusement, je vais garder un excellent souvenir de cette première année.

Mes élèves ont eu des hauts et des bas. Moi aussi. Je les ai accompagné dans la traversée de l'étude de la langue, les montagnes de maths et les fleuves d'histoire. Ils m'ont soutenu, aidé, encouragé à leur manière, par leur patience quand je me plantais, quand je n'arrivais pas à conduire correctement une leçon, par leurs sourires, leur joie de vivre, leur bien-être. La classe était un petit cocon, où chacun avait sa place, où chacun arrivait avec le sourire. J'ai toujours refusé catégoriquement que mes élèves arrivent avec la boule au ventre à l'école. Pari réussi, on s'est tous bien éclaté. Les voir partir le dernier jour a été vraiment difficile, j'ai réussi à ne pas pleurer, mais ce fut tout juste. Ils restent mes premiers loulous et je suis fière d'eux.

A la rentrée 2016, je prends un nouveau départ : bien que je reste dans la même école, ce dont je suis extrêmement contente (car l'équipe y est géniale et bienveillante), je reprends tout à zéro. A partir du 1er Septembre, j'aurais des CE1-CE2. Des "encore plus petits". Autant vous dire que c'est l'inconnu total, moi qui n'ai connu que des grands. Mon côté bisounours oblige, je suis ravie et très excitée par ce nouveau challenge. Rappelez-vous ces mots, car dans deux mois je pense que j'écrirais "au secouuuuuuuurs, j'en peux plus !".  Je n'ai aucune idée de comment va se dérouler l'année, ni comment s'organisera cette classe. J'ai commencé à bosser, à bidouiller, à classer, à plastifier ... car je dois tout refaire. Prendre en compte l'âge qui m'est totalement inconnu, leur autonomie dont je ne sais rien, et bien sûr, la bête noire en ce moment de tout instit : les nouveaux programmes. Dans la théorie, bien, mais dans la pratique, un véritable casse-tête pour savoir qui fait quoi dans quelle classe. 

Accrochez-vous, chers lecteurs, car l'année va être passionnante et fournie ! 

PS: pour les autres articles, cliquez sur le petit "1" ci dessous, sinon vous allez en louper ;-)

(Article écrit le 1er Juillet 2015)

Après mon Oral passé le 19 Juin, j'avais onze jours avant les résultats du CRPE. Ca n'a pas été de tout repos ...

Entre le lundi (visite des CM2), le mardi (kermesse du collège), mercredi (préparation des salles du brevet), jeudi (surveillance des 3ème déchaînés pour le brevet) et vendredi (la PIRE journée de la semaine, avec l'impression d'être juste un larbin bon à trier, empiler et compter les livres et à recommencer 3 fois parce que les piles ne sont pas droites), le week-end est venu avec soulagement. 

Lundi, j'ai pris mes petites affaires pour aller me faire retirer deux dents de sagesse (coté droit). Si l'opération a été rapide, le stomato a dû s'y reprendre à trois fois avant d'extraire la dent du bas (à triple racine) ... 

A l'heure actuelle, je suis toujours sous codéine, avec l'impression que ma gencive va exploser. J'alterne poches de glace et siestes en espérant que ça passe, entre deux bols de soupe et de compote. Je m'accroche au fait qu'une fois refermée, terminé les infections de ce côté !! Pour le côté gauche, on verra dans un an, c'est moins pressé. 

Bref, Mardi, à 16h30, les résultats tombaient ...

J'ai passé la journée à tourner en rond, à échanger des sms avec les copains/copines, à essayer d'ignorer le stress (la codéine faisait quand même bien effet donc c'était gérable).

En discutant avec mon meilleur ami, M (non, pas la vieille dame de James Bond), je lui dit "j'ai une envie de malade d'un chocolat frappé avec de la crème chantilly" (à moitié shootée, je ne pouvais pas mettre le nez dehors. 

16h : M frappait à ma porte avec ledit chocolat frappé ... my god, il est génial !

Dans l'entrefait, Chéri revient du boulot avec des Yop à la fraise bien frais

Et tic tac, c'est accompagnée de mes deux supporters que j'ai continué l'attente insoutenable ... heureusement qu'ils étaient là, car après avoir passé la journée seule à tourner en rond, j'avais vraiment besoin de compagnie. 

16h30 : rien. Je fais F5 environ douze fois par seconde. 

16h35 : les résultats sont en cours de publication 

Ma touche F5 va décéder 

16h40 : c'est disponible ...

Le gros coup de pression, mon doigt s'immobilise au dessus de F5, je regarde les gars et je dis "Oh non, je ne peux pas ..." 

Bon, à un moment, il faut le faire quand même ...

Et là c'est officiel:

Hurlements de joie, je n'arrive pas à y croire ... mais c'est mon nom qui s'est affiché sur la liste des admis. Oublié le mal de dent. La codéine me fait toujours planer, mais là le bonheur est encore plus fort. 

J'embrasse mon Chéri, je saute au cou de M, et je commence à appeler tout le monde. Ma mère s'effondre au téléphone. Mon père rigole. Mon oncle et ma grand-mère ... ont juste le temps d'apprendre la nouvelle avant que le réseau ne coupe (ils sont en vacances dans un trou paumé, deux jours pour essayer de les ravoir au téléphone XD ). Les copains m'envoient plein de messages. 

Vu l'état de mes dents, je n'ai pas pu fêter ça au resto ( à l'heure qu'il est, je n'ai d'ailleurs toujours pas pu le fêter, car ma gencive refuse de se reboucher et la douleur reste à la limite du supportable.) Ca s'est terminé avec une soupe de la victoire pour ma part et un Mc Do pour Chéri. Mais je compte bien me rattraper pendant mes vacances. 

Depuis Mardi 30 Juin, j'ai des étoiles dans les yeux et le sourire aux lèvres. Je suis excitée par la nouvelle aventure qui m'attend. Tellement excitée que Chéri n'en peut plus tant je lui rabâche les oreilles des fournitures que je vais acheter, du matériel à prévoir, des dizaines de sites et de blogs que je consulte. Je suis une pile électrique, car :

Un an et demi après une remise à zéro totale de ma vie (amis, amour, emmerdes) et un nouveau départ,

Après 5 ans de révisions non stop

4 échecs au CAPES d'Histoire-Géographie

5 ans de perte de confiance

5 ans de larmes et de doutes

5 ans de sanglots devant les résultats négatifs lors des publications des résultats

5 ans à me remettre en question, à peser le pour, le contre, à me réorienter

JE SUIS PROFESSEUR DES ECOLES

(Article écrit le 20 Juin 2015)

Après l'Oral 1, j'ai eu une semaine pour peaufiner mon Oral 2 (on croirait une marque de dentifrice). Cet oral portait sur la soutenance d'un dossier portant sur le sujet de notre choix. 

Vous ne serez pas étonné de savoir que j'ai choisi l'Histoire. 

Bref, je n'ai pas très envie de parler de mon dossier en lui-même, que je n'ai pas trouvé super réussi (heureusement, il n'y avait que la soutenance de notée et non le dossier). 

Pour faire rapide, mon dossier se composait de trois parties : 

1) Les apports scientifiques

2) La présentation de ma séquence complète

3) La présentation complète ( d'une séance particulière au sein de la séquence

A 15h, le vendredi 19 Juin, je suis donc arrivée avec le sourire colgate

et l'état général équivalent à Jean-Paul II à la fin de sa vie

(pour les incultes, il avait Parkinson)

 Bref, pas de péripéties cette fois-ci, l'épreuve s'est déroulée conformément à ce qui était prévu à savoir :

Un exposé (préparé à la maison mais sans note, donc tout de mémoire ... le jury est sympa, il vous laisse quand même un exemplaire non annoté de votre dossier sous les yeux). Durée : 20mn (j'ai fait 19mn). On blablate sur les apports scientifiques, on décrit un peu ce qu'on va faire etc ... Pour ma part, ça s'est déroulé tel quel :

Introduction rapide

1) Apports scientifiques

2) Pédagogie et Didactique : travail sur document, travail en individuel/groupe/collectif (avec avantages et inconvénients), trace écrite, en prenant des exemples sur l'ensemble de ma séquence.

3) Apports socio-culturels : sur la trace écrite par exemple.

Conclusion

  Arrive ensuite l'entretien. J'avais devant moi une inspectrice et un professeur des écoles. On vous parle beaucoup dans les livres de ce qu'ils peuvent vous demander en 40mn (c'est long, croyez-moi). Au final, j'ai eu beau potasser des exemples de manuels (au cas où ils me demandent sur quel support je vais travailler), essayer de déterminer quelles questions pourraient être posées ... je n'ai rien eu de ce que j'attendais (pas même une question sur la période ni sur l'histoire, tout a porté sur la pédagogie à un niveau poussé)

L'entretien a porté sur la séance développée. Mon jury m'a pressé de questions jusqu'à plus soif sur "pourquoi vous avez utilisé tel document?" "Vous pensez que celui-ci peut être adéquate?" "Quelle différence de pertinence voyez-vous entre votre document untel et votre document untel?" 

Bref, le stress. Pendant 40mn, j'ai défendu mes idées, mes choix, j'ai montré que j'étais sûre de moi, que tout était mûrement réfléchi. J'ai essayé de glisser des exemples de mes autres séances pour montrer que tout était logique et pensé (pas seulement ma séance développée). 

En gros, j'ai montré ça au jury :

Alors qu'en réalité j'étais dans cet état d'esprit :

Un exemple de questions ?

"Vous utilisez un vocabulaire assez difficile dans votre séance, comment pouvez-vous vous assurer que les élèves vont bien comprendre?"

Moi : "Je leur demanderais d'utiliser le dictionnaire."

" Mais le dictionnaire est disponible en fonction des niveaux, tous les mots ne sont pas dedans dans certaines classes. Vous êtes vous renseigné pour savoir si c'était le cas?"

Moi : "Dans ce cas, s'ils ont un manuel d'Histoire, on peut chercher ensemble les définitions dans le lexique".

"Mais ils n'ont pas tous de manuels, certaines classes en sont dépourvues"

Moi (au tac o tac) : "Alors je ferais moi-même un lexique pour la classe avec tous les mots disponibles, et les élèves n'auront qu'à chercher le mot dans la liste."

"Bonne idée mademoiselle"

Ouf !

Dans l'ensemble, en ressortant, j'étais mitigée ... et surtout soulagée que tout soit terminé. 

J'ai pu profiter de quelques jours de vacances (un peu mouvementés) avant les résultats 

(suite au prochain épisode)

Passer l'oral en candidat libre, c'est comme si Terminator débarquait au pays des Schtoumpfs. En gros, c'est la découverte totale. Les bouquins en parlent, mais rien de tel que le terrain pour apprécier (ou non) l'expérience. 

La seule chose qui m'a un peu stressée, c'est de voir tous les groupes de filles de l'ESPE. Copines, concurentes, mais bavassant des épreuves, des révisions, des groupes de travail ... ça m'a manqué pendant ma préparation. Cette ambiance un peu communautaire qui s'instaure, du soutien, des rires, des tensions ... mais bon, j'ai toujours passé mes concours toute seule, sans pouvoir échanger en temps réel, donc ça ne m'a pas du tout destabilisée. Et j'ai eu l'énorme chance de pouvoir échanger sur IG avec une copine géniale, aka Nalouchka qui le préparait aussi. Bref, que du bonheur.

Retour en arrière. 

Mardi soir, El Padre  a pris les clef de la super 207 pour me conduire à Mont Saint Aignan. Ma mère nous a regardé partir en agitant son mouchoir blanc et en me rappelant de bien me brosser les dents avant de me coucher. 

Non, je blague, en réalité, ça s'est passé comme ça : 

GPS en marche, en route entre père et fille pour Mont Saint Aignan (Ma mère bloquée à la maison à cause d'une petite intervention du genou, et avec un stress avoisinant les 5000, en mode "surtout tu m'envoies un sms" ). 

El Padre a géré la route comme un chef. On avait réservé à Mont Saint Aignan pour éviter de se taper la route à 5h du matin le lendemain. 

Le Lendemain : c'était folklorique

J'arrive à 6h30 à l'ESPE de Rouen, et donne mon nom à un monsieur gentil mais PAS DU TOUT REVEILLE (ce détail a son importance pour la suite).

Je donne mon nom. Il regarde sa liste ... "Ah, je ne vous vois pas".

Je reste zen :

Non, en réalité, mon humeur interne était plutôt comme ça :

6h30 du matin, pas réveillée, stressée ... et tu me sors que tu ne me trouves pas sur ta liste, mec ? 

Il cherche ...

"Ah oui, vous étiez tout en bas!" 

Super ... 

Bon, je respire, je me récite les blagues de Kaamelott dans la tête, je décompresse (au passage, j'apprends que l'erreur de convocation a touché environ 0 autres personnes sur 20 dans mon groupe)

On attend toutes dans le hall, avec le stress qui tord le ventre. Et là, on nous appelle pour aller à nos salles de préparation. 

"A**** (mon nom de famille) Hélène" 

Whaaaaaat ? 

Hum ... c'est bien mon nom de famille mais c'est le mauvais prénom ...

Je le signale

Sans se démonter : "Il n'y a pas d'Hélène ici?" 

OH.MY.GOD

Au final, tout va bien ils s'étaient planté en écrivant le prénom ... sauf que ... entre HELENE et MON PRENOM, à part le "E", il n'y a aucune lettre de bonne ...

Re-bref ... à ce moment là, j'ai décidé qu'il n'y avait plus de raison de stresser. 

On monte à la salle de préparation, et là, ouf, je commence à préparer. En gros, on avait deux épreuves à préparer en trois heures. Pour le passage devant le jury, cela se décomposait ainsi : 

1ère épreuve, EPS : 10 mn d'exposé, 20 mn d'entretien

Je suis passée sur la danse en maternelle. La loose. Après avoir avalé des pages et des pages de croquis, sujets et jeux sur tous  les autres APSA, je tombe sur LE truc qui ne me parle pas du tout. Je n'avais pas grand chose à dire, j'ai fait de mon mieux. Ma séance était pourrie, mais j'ai travaillé avec le jury pour l'améliorer, essayer de rebondir sur leurs propositions, montrer que je ne me laissais pas démonter et que j'avais des idées. 

2ème épreuve, Connaissance du système éducatif : 15 mn d'exposé, 20mn d'entretien

Je suis passé sur la continuité pirmaire-collège. Pile dans mes cordes, car c'est ce que je fais avec mon boulot d'Assistante d'Education. Et on venait de passer la semaine à voir avec Copine A***** (qui est ma collègue) et Chef Number One  à préparer la visite des CM2 le lundi suivant. Alors j'ai tout ressorti : les PPRE mis en place, les mesures à prendre, les acteurs, les difficultés rencontrées ... bref, ça s'est super bien passé, c'était une discussion avec le jury et non un système de questions réponses. Par contre, je n'ai eu aucune question sur le système en lui-même : pas de date, ni de loi, malgré les fiches que je me suis bouffé pendant une semaine ^^

Je suis ressortie de cet oral avec le sourire. Pas parce que j'étais sûre d'avoir tout réussi (loin de là), mais parce que je suis tombée sur un jury sympathique, ouvert et aussi bavard que moi. Le courant est bien passé. Même si je sais pertinemment que ça ne veut rien dire pour le résultat du concours (combien sont tombés sur des véritables dragons et l'ont eu, et d'autres sur des bisounours et se sont rétamés), je garde un bon souvenir de cet oral (contrairement à mon oral de CAPES qui m'avait donné l'impression d'avoir le QI d'un asticot, tellement le jury s'était montré hautain et dévalorisant).

Je vous laisse imaginer mon soulagement en ressortant 

(Article datant de début Juin 2015) 

J'étais admissible. Punaise ...

Je vous passe l'annonce, la joie, le stress, le fignolage de mon dossier etc ... Place aux révisions à fond. Je les avais déjà commencé, mais c'est plus motivant une fois qu'on a les résultats. 

Une semaine après, je vais à ma boîte à lettres, et je trouve un joli papier du Rectorat dedans. 

Convocation : Mardi 10 Juin 2014 à 7H à Mont Saint Aignan pour ma première épreuve. 

????????

C'est une double blague ? 

Premièrement, la date était fausse (à moins que ceux qui ont suivi la formation aient eu une DeLorean). Le 10 Juin tombait un Mercredi et on était en 2015. 

Secondo, ça voulait dire que ça tombait exactement ... une semaine après, pile poil. 

Panique à bord. J'étais dans les premières à passer. 

J'ai dégainé mon portable pour appeler aussitôt le Rectorat. 

Qui m'a confirmé l'erreur. 

"Ouf, je vais avoir un peu plus de temps", me suis-je dis.

" En fait, vous passez Mercredi 10 Juin à 7H" 

"Whaaaaat????"

Bon ... pas de panique ... je suis calme, je suis professionnelle, je suis douée, je suis travailleuse, je suis pugnace, je vais y arriver. 

En réalité, je ressemblais à ça : 

L'Homme a pris les choses en main. Il m'a emmené à la librairie. Au final, ça allait un peu mieux. 

La vie était belle - l'espace d'une heure. Puis le stress est réapparu. 

Et là, ça a été la course totale. 

Les révisions acharnées. Je n'ai pas vu les jours passer, j'ai mis la tête dans le guidon et j'ai vraiment tout donné. J'ai avalé des bouquins, j'ai noirci des pages de notes, j'ai oublié que j'avais une PAL de 200 livres, que j'avais une maison à tenir, des chats à nourrir, des factures à payer, de la cuisine à faire. L'Homme s'est chargé de tout. Il a géré comme un dieu. Et moi, j'ai plongé la tête la première dans les lois de refondation de l'Ecole, j'ai passé des soirées à compulser des sites sur l'EPS, les questions d'oral, les protocoles de sorties etc ... 

Le soir, L'Homme se posait dans le canapé devant une série. Il était tranquille environ cinq secondes et sept centièmes. Je débarquais avec l'ordi portable, mes notes, mes feuilles, mes stylos, et je bossais à côté de lui. Pendant qu'Hotchner, Reid et les autres (aka Esprits Criminels) résolvaient des crimes, je prenais des notes sur les différents jeux en cycle 2. Quand je bossais sur les dates clefs de l'Education Nationale, il s'occupait de la maison. Les chats avaient leur gamelle pleine, un bon petit plat mijotait dans la casserole pendant que je gobait les lois Ferry et l'organigramme de l'EN. 

Mes parents ont pris aussi pas mal le relais. Déjà en s'occupant de donner des nouvelles à ma place à la famille (Mamie, à 90 ans, s'affolait car je ne l'appelais plus), puis en gérant quelques courses et en s'occupant de la réservation de l'hôtel pour l'oral et de toutes les modalités nécessaires. 

Ma Copine A*****a géré aussi. D'abord elle a répondu à toutes mes questions. Et elle a viré les élèves qui m'enquiquinaient pendant que je révisais. Elle m'a fait relativiser. Elle m'a apporté du thé. Elle m'a raconté des blagues. 

La meilleure amie a été exceptionnelle. Même à une heure trente de là, parti dans la grande ville d'Amiens, elle m'a appelé dès que j'avais un coup de mou. Elle m'a donné des tonnes de conseils et de protocoles. Elle a recherché des documents pour moi. Elle m'a raconté longuement ses propres expériences. 

Les potes sont passés aussi. C'était à qui ramènera les pépitos au chocolat noir, à qui viendra filer un coup de main pour tondre la pelouse, à qui ira me chercher des feuilles pour que je puisse prendre mes notes, à qui préparera le goûter pour que je m'aère l'esprit. Ils sont passés m'apporter des litres de chocolat frappé pour me redonner du pep's. Ils m'ont envoyés des messages. Ils m'ont fait rire quand le moral était au plus bas. Ils ont relu mon dossier. 

Vous voulez réussir un concours ? Entourez-vous des bonnes personnes. 

Beaucoup d'élèves m'ont souhaité bon courage. J'ai même eu des petits mots à glisser dans mon sac pour me porter chance. 

Une semaine très intense pour un oral le Mercredi matin à 7h, à une heure de chez moi. 

(J'ai écrit cet article en Mai 2015) 

Le 27 Mai 2015, mon ventre ressemblait à un trempoline sur lequel les petits démons du stress s'amusaient à rebondir. Les résultats des écrits du CRPE allaient tomber (pour savoir si je pouvais aller à l'oral ou pas) 

Qu'est-ce que le CRPE ? C'est le concours qui m'a tenu éveillée pas mal de fois, qui a occasionné quelques crises de larmes mémorables et des tablette de chocolat (le premier qui regarde mes hanches, je l'assomme avec mon intégrale de Pierre Bénichou). 

En gros, le CRPE, c'est le concours pour être Professeur des Ecoles (instit', quoi). 

Outre le fait qu'en un an j'ai perdu tout le bénéfice de mes longs mois d'effort pour avoir un corps à peu près potable (révisions obligé, l'activité physique était un peu en stand by), mon petit bidon a fait des salto arrière jusqu'à ce 27 Mai, jour des résultats.

Je ne voulais pas regarder au boulot (oui, les Assistants d'Education, aka les surveillants, aka les pions - mais si tu emploies ce terme, on te fais bouffer la circulaire sur la refondation de l'Ecole de 2013 - bossent le mercredi matin). Je toupinais (du verbe toupiner, tourner en rond) en racontant ma vie à ma copine A****** qui est aussi ma collègue, et qui est capable de 

1) Entrer les mots d'absence des élèves dans l'ordinateur (qui plante une fois sur deux)

2) Filer les clefs à R. pour qu'il aille aux toilettes parce que c'est super urgent

3) Réceptionner les exclus du cours de Maths

4) Dégainer encore plus vite que son ombre le formulaire d'exclusion

5) Appeler Madame G pour savoir pourquoi son fiston n'est pas en cours

6) Recevoir les appels de sport

7) Avaler un thé au citron avec un sucre

8) Répondre à toutes les questions possibles et imaginables posées par nos chefs

Et tout ça en même temps 

Ouais, elle est fabuleuse *_* 

"Non, je ne regarderais pas"

Je me le répétais en boucle. 

" Tu te rends compte, ai-je dit à A****** si je l'ai, il va falloir que je carbure pas mal ... je n'ai pas vraiment fini le dossier à rendre, et les admissibles n'ont que deux jours pour l'envoyer ... mais bon, je ne vais pas avoir les écrits, c'est pas possible, je n'ai même pas été foutue d'avoir ceux du CAPES d'Histoire etc, alors je ne vais pas m'en faire, j'ai encore un an pour le travailler."

Notre Chef Number One (on en avait deux), qui était dans le bureau à côté, se marrait en m'entendant. Je divaguais comme une vieille devant mon ordinateur. 

Un petit moment de répit dans le bureau. 

"Is?" m'appelle la Chef Number One .

"Oui?" 

" Tu es prête à bosser à fond?" 

" Euh ... là, pas vraiment" (dans le sens "me donnez pas de trucs trop compliqué j'ai pas la tête à ça)

" Ba il va falloir que tu t'y mette..."

Je l'ai regardé. J'ai regardé A*****. J'aavais peur de comprendre. J'ai crié. J'ai couru jusqu'au bureau de la Chef Number One. J'ai vu la liste des admissibles. J'ai re-crié. J'ai vu mon nom. J'ai tremblé. J'ai sauté partout. J'ai déboulé dans la salle des retenues. J'ai fait peur à Beau-Frère qui surveillait les collés (oui, on a tendance à bosser en famille dans ce collège. Le chéri, le beau-frère, on est tous pions là-bas). J'ai re-sauté partout. 

J'étais admissible.

Et j'étais dans la mouise pour mon dossier ^^

Ton bureau en classe devient le Saint Graal, la destination ultime qu'il faut atteindre. En général, tu arrives à poser une demi-fesse pendant trois minutes avant qu'un énième "Maîtreeeeeeeesse" ne retentisse à nouveau. Le bureau, en général, il est rempli de feuilles, de stylos, mais la maîtresse n'y est jamais. 

Ta trousse ressemble à une succursale de Majuscule. "Maîtresse, j'ai pu de colle" ; "Maîtresse, j'peux prendre ta souris?" ; "Maîtresse, j'ai perdu ma règle" ... Et toi, tu dégaines aussi vite que l'éclair : la colle pour D. qui n'en a jamais malgré les trois mots notés sur son agenda ; la souris pour R. qui a fait une énième rature sur son cahier ; le stylo bleu pour P. dont la réserve est vide ; le stylo noir pour M car elle doit noter quelque chose sur le tableau d'activité et n'a évidemment pas pris de quoi écrire ; la règle pour C parce qu'il a cassé la sienne ; le taille crayon pour N car la mine de son crayon est cassée ; le feutre veleda parce que celui de L a rendu l'âme en plein calcul mental ; le trombone car H a perdu le sien ... la trousse devient une extension de notre corps. 

Tu passes systématiquement dans le rayon fournitures lorsque tu fais les courses. "Oauhou les nouveaux feutres qui peuvent écrire sur du plastique sans s'effacer sont sortis ! "

Tu vis intensément la réussite de N**** qui a réussi à aligner deux mots sans fautes (ou presque) sur son cahier

Tu devient une pro en matière de gamelle pour manger le midi. Tu as le petit sac isotherme pour ranger ton tupperware, ta bouteille, ton thermos, tes couverts, le chocolat pour tenir, tes sachets de thé ... 

Tu connais par coeur le code de la photocopieuse et tu devient pro dans l'impression de doc en format A3, A4, A5, recto-verso, en noir et blanc, en couleur, en plus clair, en plus foncé ... et la massicoteuse n'a plus aucun secret pour toi. 

Tu prends des vêtements tout terrain, surtout dans les petites classes ... et tu as du rechange au cas où (surtout en épidémie de gastro). On oublie les petites chaussures à talon de 15 cm quand il faut monter et descendre dix fois les escaliers.

Tu ne supportes plus d'expliquer quelque chose en dehors de la classe. Ton pauvre mari en prend plein la figure lorsqu'il a le malheur de te demander de répéter quelque chose parce qu'il n'a pas entendu. 

Ton midi se résume à avaler en vitesse un plat William Saurin à moitié froid parce qu'il faut corriger la dictée du matin, les mots à apprendre, les opérations de la séance de calcul, la leçon de français, la poésie ...

Tu pars en vacances ... sans te déconnecter. "Chérie, on va visiter le château de ********?", réponse de maîtresse : " Ah oui, super, c'est au programme de cette année, je vais pouvoir ramener des documents" / "Génial, il y aura surement des trucs à acheter pour ma classe" / "On pourrait pas partir plutôt en ******, car il y a un truc à visiter qui pourrait me servir" 

Tu ne peux pas rentrer dans une salle remplie de gamins si ce n'est pas dans ton école. Tu as trop l'impression d'être au boulot. 

Le truc qui t'énerve pendant les vacances : "Oui, on t'appelle parce que comme tu es instit', Paul-Antoine a un souci en mathématiques, tu pourrais passer une heure ou deux pour le lui expliquer pendant qu'on ira faire du shopping?"

Le truc qui t'énerve n°2 pendant un week-end/un mariage/des vacances/une sortie : "Tiens, *****, on te laisse les enfants, tu es instit' tu sais t'y prendre avec les enfants".

Exit le petit cartable stéréotypé. Toi, tu viens en cours avec un sac de voyage, un panier, des sacs A*chan ou M*c Do, une petite valise à roulette ou un sac à dos. 

Tu as un dossier épais avec les dessins de tes élèves (dans un premier temps).

Tu complexes moins sur tes cuisses, car de toute façon, ils te dessinent en Madame Patate avec deux bâtons pour les jambes et deux traits pour les bras. Parfois, tu n'as pas de cheveux. 

Tu collectionnes les cailloux, les bouts de feuilles, les fleurs écrasées, les petits papiers ou les pommes de pin (et tu fais semblant d'être sur touchée quand tu les reçois)

A chaque achat, ton mari n'ose plus rien jeter. La question qui revient sans cesse : "Chérie, est-ce que je peux jeter le rouleau de PQ vide / le pot de yaourt / la boîte à chaussure ou tu le gardes ?" 

Tu sais pertinemment qu'en théorie, l'écriture des devoirs prend 5mn, en pratique 25 mn. De même pour chaque leçon que tu entreprends. 

Tu frôles le cataclysme à chaque fois que tu leur demandes de faire un mouvement dans la classe. Les conséquences de la phrase "sortez vos cahiers" sont en général : B fait tomber tous ses crayons ; L fait tomber sa trousse ; E fait tomber ses cahiers ou livres ; H fait tomber sa chaise.

Tu prends l'habitude de tout détailler. A l'école comme à la maison. "Vous tirez un trait pour séparer des exercices précédents, vous écrivez la date du jour, soulignée en rouge, puis vous sautez une ligne, vous écrivez Grammaire à cinq carreaux ...", ils ne suivent en général pas ( au mois de Mars, j'en ai encore qui me demandent s'il faut écrire la date ou s'il faut sauter des lignes quand ils écrivent la dictée) ... à la maison tu dis "Chéri, peux tu sortir les assiettes, les mettre sur la table, puis sortir les fourchettes et les couteaux, les poser à côté de l'assiett..." " Oui, mettre la table, en gros".

Bref, tu es maîtresse.

Bien sur, je force volontairement quelques traits.

Année PES 2015-2016 = classe de CM1

15h55. L'école se termine à 16h30 (pour ceux qui ne suivent rien). Ma tutrice est dans ma classe depuis hier, et franchement, c'est Bagdad. 
Impossible de comprendre le méga What The F*ck de cette journée: entre le vidéoprojecteur qui claque, ma collègue qui se pète le genou et dont je dois surveiller en même temps la classe (on est pauvre, ma p'tite dame, pas de remplaçant et les classes sont surchargées), mon thermos de thé mal fermé qui se renverse sur les feuilles importantes, mes élèves absolument horribles, moi pas patiente, l'inspection de titularisation qui s'approche (J-7), les élèves d'à côté qui font la bringue, mes séances qui ne vont pas, l'impression d'être une moins que rien, de faire de la m*rde, les dizaines de "maîtresse j'ai perdu ma feuille" qui m'ont fait hurler, les livrets, les corrections, les élèves qui simulent des maladies et deux minutes après qui bavardent à s'en faire péter les cordes vocales, ceux qui n'écoutent pas ...

Dans une semaine, je serais en vacances, après quelques semaines dans ma nouvelle vie. Je n'ai pas vu les jours passer, mais je sens que mon corps en a pris un sacré coup. Je fais moins attention à ce que je mange, je concurrence Willy Wonka pour ce qui est de la consommation de chocolat (DROOOOOOOOGUE), je suis malade (du genre la bonne bronchite qui dis f*ck les antibio, je te fais cracher les poumons et je bouche ton nez pour que tu meurs étouffée dans ta morve ton sommeil), mon potentiel glamour se réduit à porter des leggins et des pyjamas-doudou avec des têtes d'élan dessus (pour soutenir Chéri,tapez 1) et j'ai le dynamisme d'un escargot sous morphine. 

Mais il y a des points positifs ! 

Au tout début, je me noyais dans le boulot. Je vivais instit, je mangeais instit, je parlais instit, je dormais instit. J'avais en tête les programmations, progressions, les compétences, le BO ... sauf que ça, ça va deux minutes. A un moment, ton cerveau crie stop, et avec assez de virulence. Et ton karma est tellement pourri que tu te tapes deux jours absolument affreux, où la seule chose que tu fais en rentrant chez toi est de t'effondrer sur le canapé en marmonnant "pitié, chocolat". 

Alors j'ai relativisé. Non, je ne vais pas être la super instit de l'année, celle qui peut dégainer ses fiches de prep en un clin d'oeil. Non, je ne vais pas être la méga stagiaire qui a déjà tout compris au boulot et à la vie. Oui, je vais encore me planter dans les mois à venir, à me faire des coups de stress énormes parce que je ne saurais pas comment gérer tel ou tel truc. Je vais faire de mon mieux. Parce que j'adore ce métier, et me lever le lundi et le mardi matin en sachant que je vais retrouver mes élèves me donne la patate. J'ai la chance d'avoir une classe travailleuse, où le courant passe bien et où les élèves écoutent. Ils sont fatiguants à leur manière, bavards, un peu dissipés, mais attachants. J'aurais pu tomber sur mille fois pire, mais je ne pense pas que j'aurais pu sur mieux pour une première année, tant je les aime d'amour, ces loulous (même si parfois ils me rendent totalement dingue). 

Lorsqu'ils font trop de bruit ... 

A présent, j'ai pris un peu d'avance et je stresse moins. Si je n'ai pas bouclé ma leçon, tant pis, je la caserais une prochaine fois. Si j'ai une sortie de prévue qui me mange toute ma matinée, tant pis je me débrouille pour revoir les priorités dans l'après-midi. Je ne passe plus 5heures à préparer le dimanche soir, à fondre en larmes parce que mes photocopies ne sont pas prêtes. Maintenant, j'arrive à visualiser le déroulé de ma journée, à prévoir, à m'adapter aux circonstances (et il y en a eu depuis la rentrée !), à étaler mes préparations.

J'ai la chance d'avoir des collègues qui filent des coups de main incroyables, une tutrice adorable qui m'a donné beaucoup confiance en moi, un entourage privé qui me soutient et qui gère les moments difficiles. Je suis entourée, aimée, et lorsque j'ai des gros moments de mous, je m'y accroche comme un bulot à son rocher. Pour ma formation à Caen, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes adorables qui font que la journée est moins longue à passer. 

Je stresse toujours car j'avance quand même à l'aveugle, en ce qui concerne les évaluations, les livets, les petites choses du quotidien d'une classe que je n'ai pas encore testé. Mon organisation matérielle et pratique est aussi à revoir pour certains points. 

Je me rends compte que j'ai beaucoup évolué. Je me détache plus du travail, ce qui me permet de relire un peu, de profiter des soirées avec les amis, de recommencer à alimenter ce blog. Je n'y pense plus 24/24 (bon ... peut-être 20/24 quand même). J'arrive à me ménager des vraies coupures pour repartir du bon pied. 

Les vacances vont être néanmoins très intenses (apéro, apéro, apéro). Je vais en profiter pour faire le point, voir ce qui n'a pas été sur cette première période (l'anticipation entre autre), faire toutes mes leçons et mes préparations pour la période 2, histoire de ne pas être prise au dépourvue et de pouvoir modifier en cas d'imprévu. Je vais relâcher un peu la pression aussi. Et surtout, dormir. 

(Prochaines étapes : limiter le chocolat (mouahaha je suis trop naïve!) ; arrêter de parler sans cesse de mes élèves (je ressemble à une maman poule toute fière de mes poussins) )